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27/02/2017

Touchons-nous à une question de société ?

Certains nous posent la question: pourquoi monter en épingle le profil du jeune chercheur engagé, quelle peut donc être sa pertinence d'un point de vue social ? Notre Table Ronde le tient pour acquis, mais pourquoi?

Il serait tentant de répondre que la société vit de dynamismes collectifs dont nous sommes les acteurs, les médiateurs, parfois aussi les spectateurs passifs. Pour encourager ces dynamismes, il est d'usage de recourir à des modèles susceptibles de faire sens dans nos situations personnelles et dans nos différents rôles sociaux. Les plus éculés parmi ces modèles sont sans doute le sportif ou l'entrepreneur. Ce n'est pas une question de compétence, mais bien plutôt d'esprit. Il est de bon ton d'avoir l'esprit d'entreprise, et tout autant l'esprit sportif, pour vivre avec notre temps et développer nos potentialités. Ces modèles en particulier sont énormément valorisés par les médias, pour des raisons parfois non avouables : il peuvent aussi, c'est bien connu, alimenter la société de consommation.

Le parti pris de notre Table Ronde est qu'il existe d'autres modèles, non exclusifs des précédents, ayant certainement le pouvoir de libérer le potentiel créatif du groupe social sans passer nécessairement par la performance et la médiatisation. A l'esprit d'entreprise ou l'esprit sportif, ne faudrait-il pas ajouter par exemple l'esprit confraternel (voir l'innovation sociale) ou précisément l'esprit de curiosité (voir l'importance des "états naissants", réf. Francesco Alberoni ou Thierry Gaudin)?

L'esprit de curiosité, la forme la plus engagée de l'ouverture d'esprit, n'est pas l'apanage exclusif des chercheurs et des artistes, mais il est certainement exercé au plus haut point et avec la plus grande délectation chez ceux-ci en particulier. On les dit familiers des "états naissants", dont les traits communs sont aussi ceux de l'état amoureux : spontanéité, souci de la vérité, respect de l'authenticité, comportements transparents et ouverts d'où peuvent jaillir la nouveauté, le rebond, l'adaptation, l'élan vital. Les états naissants n'apparaissent pas volontiers au commun des mortels, il y faut un esprit de curiosité préalable. Mais il peut être une vertu populaire quand l'amateur vient en faire l'expérience par le jeu ou le théâtre.

N'allez pas croire que nous nous positionnons en surplomb de nos congénères parce que nous détiendrions, dans le milieu des chercheurs aventuriers, une aptitude à la curiosité et au décloisonnement intellectuel peut être davantage exercée. Les observateurs de la société l'ont abondamment décrit : le renouveau par lequel peut se propager une configuration sociale vient en réalité du fonctionnement en réseaux d'acteurs mutuellement influents et influencés. Le MIT avait distingué 5 rôles imbriqués, tous essentiels à l'innovation sociale : l'inventeur, l'entrepreneur, l'organisateur, le parrain, le concierge (aujourd'hui, il aurait ajouté: le citoyen). L'esprit de curiosité est certainement plus développé chez l'inventeur doublé du chercheur (qui en est l'état naturel). C'est bien de cela que nos jeunes chercheurs viennent témoigner dans cette Table Ronde, alors que le rôle du "concierge" (dans la terminologie imagée du MIT) revient à l'organisateur de ces rencontres, qui ambitionne de mettre son public en condition de revêtir, ne serait-ce qu'un instant, le costume chargé de tous les embruns du large qu'endossent nos jeunes savanturiers.

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