Nos
chercheurs dans le réel, à l'instar des artistes dans l'imaginaire, fabriquent
donc de l'antidote à la morosité. Et, sans doute, sont-ils les premiers à s'en
nourrir pour entretenir la flamme. Mais leurs confidences nous en apprennent
davantage, puisqu'ils ajoutent à l'énumération de ce qui les titille à la tâche
ce phénomène ignoré du plus grand nombre : leur milieu de travail, très
concurrentiel, s'est ouvert en l'espace d'une génération à tous les esprits curieux de
la terre.
Ils vous
l'expliqueront mieux par eux-mêmes, mais voici pour faire simple : leurs
équipes, tant réelles que virtuelles, sont complètement mondialisées, et donc
profondément métissées. Distinguons les termes.
1) Mondialisées, dès lors que les pôles de
recherche productifs se montrent capables, comme des éponges, d'aspirer vers
eux des flux de jeunes chercheurs de tous les continents. Les meilleurs d'entre
eux et les plus mobiles n'hésitent plus de nos jours à s'exporter de toutes les
latitudes, le temps d'un projet post-doctoral ou d'un contrat de financement.
Mais les réseaux d'échanges et de collaborations sont encore plus vastes par
leur dimension virtuelle, les projets internationaux se montant de plus en plus
sous la forme de laboratoires sans murs, irrigués par les canaux modernes de
l'information et de la communication. Ce brassage n'affecte plus seulement les
patrons de laboratoires très convoités de par le monde, mais effectivement tous
les échelons de l'apprenti chercheur méconnu jusqu'au baroudeur cumulant les
affectations post-doctorales en série.
2) Métissées, comme effet induit et
néanmoins spectaculaire, puisque toutes les origines peuvent se rencontrer
incidemment, ce qui amène les équipes à devenir des creusets multi-ethniques et
multi-culturels. Certes, ce n'est pas l'objet, dira-t-on. Ce n'est peut-être
pas l'objet, mais ce n'est pas neutre pour autant, et il y a fort à parier que
cela puisse devenir un facteur d'émulation et de créativité. Parfois de
tensions aussi, mais qui dit tension dit rebond. La tension, c'est la vie thermodynamique.
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