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25/02/2017

Quand le monde entier entre dans les cerveaux

Nos chercheurs dans le réel, à l'instar des artistes dans l'imaginaire, fabriquent donc de l'antidote à la morosité. Et, sans doute, sont-ils les premiers à s'en nourrir pour entretenir la flamme. Mais leurs confidences nous en apprennent davantage, puisqu'ils ajoutent à l'énumération de ce qui les titille à la tâche ce phénomène ignoré du plus grand nombre : leur milieu de travail, très concurrentiel, s'est ouvert en l'espace d'une génération à tous les esprits curieux de la terre.

Ils vous l'expliqueront mieux par eux-mêmes, mais voici pour faire simple : leurs équipes, tant réelles que virtuelles, sont complètement mondialisées, et donc profondément métissées. Distinguons les termes.

1) Mondialisées, dès lors que les pôles de recherche productifs se montrent capables, comme des éponges, d'aspirer vers eux des flux de jeunes chercheurs de tous les continents. Les meilleurs d'entre eux et les plus mobiles n'hésitent plus de nos jours à s'exporter de toutes les latitudes, le temps d'un projet post-doctoral ou d'un contrat de financement. Mais les réseaux d'échanges et de collaborations sont encore plus vastes par leur dimension virtuelle, les projets internationaux se montant de plus en plus sous la forme de laboratoires sans murs, irrigués par les canaux modernes de l'information et de la communication. Ce brassage n'affecte plus seulement les patrons de laboratoires très convoités de par le monde, mais effectivement tous les échelons de l'apprenti chercheur méconnu jusqu'au baroudeur cumulant les affectations post-doctorales en série.

2) Métissées, comme effet induit et néanmoins spectaculaire, puisque toutes les origines peuvent se rencontrer incidemment, ce qui amène les équipes à devenir des creusets multi-ethniques et multi-culturels. Certes, ce n'est pas l'objet, dira-t-on. Ce n'est peut-être pas l'objet, mais ce n'est pas neutre pour autant, et il y a fort à parier que cela puisse devenir un facteur d'émulation et de créativité. Parfois de tensions aussi, mais qui dit tension dit rebond. La tension, c'est la vie thermodynamique.

Voilà donc un témoignage vivement attendu de la part de nos chercheurs. Pour l'exprimer un peu vigoureusement, il faudrait peut-être leur demander si le formatage traditionnel anglo-saxon de la recherche sans frontières est si fort qu'il puisse neutraliser toute diversité culturelle, ou si la richesse du multi-culturalisme des milieux de la création, en réalité, ne serait pas de nature à influencer la manière d'être, de communiquer et donc de penser du chercheur. Entre nous, les points de vue sont disparates. Parlant pour les milieux de la recherche scientifique de haut niveau, Anabelle considère que l'enrichissement culturel compte assez peu dans les modes de fonctionnement du laboratoire, où la tradition académique a installé depuis longtemps une langue exclusive, l'anglais international, et des codes de conduite ainsi que des bonnes pratiques issus du monde anglo-saxon et universellement admis. En réalité, il n'est pas trop difficile d'imaginer que l'empreinte du métissage sur le décloisonnement de la pensée soit plus perceptible dès que l'objet des recherches se rapproche de l'humain et du social, alors qu'elle tend à se neutraliser tant que l'enjeu reste circonscrit à la production de savoirs codifiés et d'artéfacts matériels. Arnaud nous parlera volontiers de l'éclairage culturel dans la résolution de conflits et dans l'art du compromis.

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