D'emblée, je fais crédit au Museum National d'Histoire
Naturelle d'avoir inventé ce néologisme et à l'Année 2016/17 de l'Aventure Scientifique instaurée par l'université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve d'en avoir fait un très bon titre (ouvrage disponible). Donc, je m'empresse de le leur emprunter,
tant il convient à notre démonstration. Mais je l'utilise avec un léger
glissement de sens, bien intentionnel comme vous allez le voir.
En fait, le MNHN fait allusion aux explorateurs de tous
poils qui, depuis des siècles, sont allés dans tous les environnements extrêmes
pour y faire des observations inédites et des collectes d'échantillons, au
bénéfice de tous les grands inventaires du matériel vivant. Pour notre propos
ici, le savanturier n'est pas seulement la personne qui se projette vers une
nouvelle "terra incognita", celle qui laisse un trou béant sur les
cartes des atlas géographiques des siècles passés. C'est plus généralement la
métaphore de l'explorateur, appliquée au chercheur de pointe dans l'exercice de
tous ses moyens.
En effet, notre postulat est que le chercheur qui laisse se
déployer toute sa pensée spéculative devient un aventurier intellectuel, qui
largue rapidement toutes ses amarres socio-culturelles, et qui franchit
allégrement l'équateur de ses représentations académiques pour aller voir de
préférence ce que le commun des mortels ne voit pas.
Comme il ne s'agit pas de théories oiseuses mais bien
d'aventures humaines en cours, prenons un cas parmi d'autres. Les jeunes
chercheurs hébergés par ce blog vous prouveront à leur tour qu'ils sont eux
aussi capables de tels voyages de la pensée. Rien de spécial au départ chez
Chris Bowler. Il a connu comme tant d'autres l'université à Warwick, et y a
fait ses premiers pas dans la recherche scientifique. Un bon élève, dirait-on,
mais jeune fou parmi les jeunes fous de son époque.
Chris se plonge dans les mécanismes qui sous-tendent la
sensibilité à la lumière chez les plantes, et s'ouvre alors aux technologies
biomoléculaires encore balbutiantes en ces temps-là (années 80).
L'Europe étant à l'époque à peine étourdie par la toute
nouvelle libre circulation de ses citoyens, et très ouverte aux échanges
culturels et scientifiques, voilà Chris embarqué dans un programme le destinant
à faire ses preuves auprès de quelques personnalités de la science en Belgique,
puis aux USA. Le voilà pourvu en quelques années de compétences incroyables en
biologie moléculaire et technologies de l'ADN recombinant.
Mais Chris ne se satisfait pas de cette jouissance du
chercheur au pinacle de sa discipline. Il est incité à emprunter d'autres
voies. Ce sont les chemins broussailleux qui l'attirent davantage que les
allées dégagées. Survient en 1994 l'opportunité de monter un nouveau
laboratoire à l'autre extrémité de l'Europe, pour porter son savoir faire sur
des espèces marines aussi inconnues qu'elles sont répandues dans les océans :
les diatomées. Aucun précédent dans sa carrière débutante ? Qu'à cela ne
tienne, le voici responsable d'un nouveau laboratoire à la Station de Zoologie
marine de Naples.
Croyez-vous qu'un chercheur en biologie moléculaire allait
se complaire à ne connaître des mécanismes du vivant que les images
microscopiques et les profils d'ADN dont son laboratoire est un pourvoyeur
industriel ? Eh, bien: Non ! Chris se laisse happer par le grand écart entre
l'infiniment petit et l'infiniment grand. C'est la vision globale de la
diversité et des rôles joués par les diatomées dans les océans du globe qui le
taraude, et le conduit à prendre la responsabilité de la coordination
scientifique de l'expédition TARA-OCEANS, l'aventure d'un voilier et de son
remuant équipage (200 jeunes, 45 nationalités), éperdument amoureux de la planète, qui feront parler d'eux
d'une extrémité à l'autre de la terre.
Entre temps, Chris vit pleinement sa vie, fonde une famille
anglo-italienne à partir d'une rencontre new-yorkaise, qui le détermina à son
installation subséquente à l'ombre du Vésuve, avant de le transporter
(finalement) auprès des instances académiques de l'Ecole Normale Supérieur de
la Rue d'Ulm (Paris), où il partage son temps entre enseignement, recherche et
rencontre du public. Car la rencontre du public ne rechigne pas un jeune
chercheur allumé ... elle a toujours été un élément profond et inavoué de sa
motivation, dès sa sortie d'université. Parler naturellement et simplement,
comme dans la confidence, de choses étonnamment compliquées, c'est là qu'on
reconnaît les grands esprits.
Diriez-vous que Chris est un chercheur anglais ? Un biologiste moléculaire ? Un prof ? Un polyglotte ? Un naturaliste ? Un globe-trotter ? Un émigré ? Un père de famille ? Un pote ? Un dilettante ? Un amoureux de la mer ? Vous m'aurez compris: il est, en quelque sorte, l'icône du savanturier. Et son aventure n'est certes pas équivalente à un safari-recherche. Elle s'enracine dans un goût insatiable de décentrement intellectuel, une curiosité à toute épreuve, et quelque chose d'impalpable qui s'apparente à l'amour inconditionnel de la vie. Qualités qui sont données à tous les chercheurs honnêtes, mais que certains parviennent à illustrer avec plus de bonheur. C'est aussi le bonheur communicatif de nos jeunes chercheurs, que vous allez connaître à l'ombre de notre site.
Diriez-vous que Chris est un chercheur anglais ? Un biologiste moléculaire ? Un prof ? Un polyglotte ? Un naturaliste ? Un globe-trotter ? Un émigré ? Un père de famille ? Un pote ? Un dilettante ? Un amoureux de la mer ? Vous m'aurez compris: il est, en quelque sorte, l'icône du savanturier. Et son aventure n'est certes pas équivalente à un safari-recherche. Elle s'enracine dans un goût insatiable de décentrement intellectuel, une curiosité à toute épreuve, et quelque chose d'impalpable qui s'apparente à l'amour inconditionnel de la vie. Qualités qui sont données à tous les chercheurs honnêtes, mais que certains parviennent à illustrer avec plus de bonheur. C'est aussi le bonheur communicatif de nos jeunes chercheurs, que vous allez connaître à l'ombre de notre site.
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