Helga Nowotny ne dit pas autre chose dans son livre (The cunning of uncertainty, Polity Press, 2015) sur les ruses de l'incertitude, que je vous soumets avec les propres commentaires de l'auteur repris ci-dessous. Voici ce qu'elle en dit :
Nous vivons
une époque qui fait la part belle à des politiques de la peur, qui s'ingénient
à susciter délibérément de l'anxiété dans la population à des fins partisanes.
Mon expérience professionnelle m'a ouvert les yeux sur la capacité inhérente à
la science de se mesurer à l'incertitude. L'incertitude est la force motrice de
la science dans la mesure où elle pousse les chercheurs à affronter l'inconnu.
Et
cependant, la société aspire à un monde bardé de certitudes. Elle met la
pression sur les scientifiques pour recevoir des réponses sous la forme tranchée
d'un "oui" ou d'un "non". Or, c'est impossible. A la
rigueur, un "oui" sous tout un tas de conditions. Ce n'est pas
seulement une question d'honnêteté, mais de réelle nécessité que celle de
parvenir à intégrer l'incertitude dans nos vies.
Je suis
très claire là-dessus dans mon livre : si on se laisse gouverner par la crainte
de l'imprévu, on fait barrage à tous les possibles dont l'avenir est porteur.
Je parle de "ruse" comme d'une métaphore décrivant comment nos plans
s'écartent de la ligne droite que nous leur avions dessinée, afin que nous
apprenions aussi à jouer de la force subversive de l'incertitude. Si seulement
les gens pouvaient se rendre compte combien les ruses de l'incertitude se
présentent en réalité comme le moyen de découvrir tant d'autres dimensions, qui
échappaient à notre imagination planificatrice.
La vie est
incertitude. La seule certitude est la mort. Ou le changement ... ce qui n'est
pas incompatible.
(Note de la
rédaction: il s'agit d'une traduction libre mais honnête d'interviews
recueillies auprès d'Helga Nowotny à l'occasion de la sortie de son livre en
2015).
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