Or, certaines éminentes figures de nos univers culturels n'ont
de cesse de nous montrer par quels chemins elles ont cherché à étancher cette
soif, que tous nous éprouvons. Le prochain article, que vous découvrirez dans
quelques jours, cherchera à caractériser certains aspects de la soif
existentielle, dont l'importance est cruciale pour faire société avec nos
semblables. Le fait est, cependant, qu'elle ne se manifeste pas chez tout le
monde de la même façon, en intensité et en qualité. Elle est même variable dans
différentes phases de notre propre vie. D'où vient-elle? C'est une question
pour les anthropologues, les psychologues ou les penseurs de l'éducation.
Comment peut-elle être ressentie et utilisée? Voilà bien une question pour nous,
en revanche. Tenez, avant d'ouvrir momentanément cette discussion, laissons-nous
questionner: quelle espèce de soif intellectuelle m'a traversé pendant mes
apprentissages de la vie? Pour faire simple: me suis-je davantage
"shooté" à l'auditoire, ou plutôt à l'auto-stop (sic)? Même question
pour nos jeunes autour de la Table-Ronde.
Shooté à l'auditoire, c'est quelqu'un qui aurait couru après
des maîtres, des modèles, des mentors. C'est un collectionneur de sources
d'inspiration répertoriées. C'est un héritier de ses pères. Sans doute est-il
aussi un lecteur invétéré. Il fait crédit aux meilleurs d'entre nous et grandit
avec eux. Ses pantalons sont usés à force trainer dans les auditoires de la
science et de la culture.
Shooté à l'auto-stop, c'est tel autre qui aurait préféré
l'école buissonnière, pour qui l'expérience vécue passe avant la science
codifiée, qui se sent mal dans les catégories académiques mais développe un
talent d'observateur de l'étrange. Quand il consulte un dictionnaire, il
s'arrête sur n'importe quoi et oublie entre temps pourquoi il avait commencé sa
recherche.
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