(et
Till le bouffon...)
Fabrice
est le benjamin de notre petite équipe. Ce qui fait sens pour lui, c'est
particulièrement la notion de frontière. C'est un praticien du grand écart qui
nous fascinait dans l'article précédent. Un pied dans un domaine, l'autre pied
dans un domaine connexe, comme pour taquiner les deux pôles d'une batterie: du même coup, Fabrice se
sent traversé par un courant électrique.
Son
travail de recherche, qui le conduit à une thèse en septembre, se place
précisément sur une frontière entre plusieurs domaines (chimie organique et
chimie minérale, le vivant et l'inerte) qui ont chacun sa relative autonomie,
jusqu'au moment où s'est présentée l'opportunité d'emprunter à l'un des acquis
entrant dans l'élaboration de solutions pour l'autre. Il vous en parlera mieux
que moi.
Autre
frontière pour Fabrice, celle qui distingue des univers musicaux aussi
différents que la musique classique et les musiques contemporaines (jazz, folk,
pop, expérimentales). Fabrice n'est donc pas seulement un chercheur
scientifique, il est aussi un chercheur d'expression musicale, pianiste et
compositeur, et son inspiration puise encore à la jointure entre ces esthétiques
différenciées.
Il
est photographié devant la statue de Till l'Espiègle (et Nele sa compagne). Ce personnage imaginaire,
de son vrai nom Thyll Eulenspiegel (Uylenspiegel en néerlandais), serait né au
XVIème siècle en Basse-Saxe et eut la bonne fortune d'avoir été mis en scène
dans plusieurs romans populaires en Allemagne et aux Pays-Bas. Till est l'archétype du bouffon attaché
aux cours princières, du saltimbanque des réjouissances populaires, du
provocateur des puissants, de l'iconoclaste de toutes les "bien-pensances".
Dans le roman du belge De Coster, il se déclare "fils
qu'Heureux Hasard eut un jour avec Bonne Aventure". Il multiplie les
farces en tous genres, se joue du langage en tordant le sens des mots, et ose
tourner en dérision la réputation des notables. Les symboles du miroir et de la
chouette qui sont inscrits dans son nom germanique renvoient à une forme de
clairvoyance, et au jeu inépuisable des images inversées, pour poser aux
suffisants de ce monde la question dérangeante du vrai et du faux.
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