Pistes à explorer

Pour découvrir les 5 personnalités qui constituent notre panel, appeler tous les articles qui répondent au libellé "panel".
Pour entrer directement dans le vif du sujet, voir l'article: L'ouverture féconde ou l'errance du chercheur, du 24 janvier 2017, référencé par le libellé "feuille de route".

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24/07/2017

Récapitulatif des articles précédents

Entre nous ... quelle était l'intention derrière l'édification erratique de ce blog? Rien d'autre que celle d'accumuler un nombre fini de facteurs personnels et sociaux, dont l'expérience chez l'un ou l'autre montre leur capacité à entretenir un esprit créatif. Sans qu'il soit besoin de relire tous ces articles, la simple énumération ci-dessous des notions-clés qui leur sont attachées suffirait pour se figurer à soi-même quel univers mental serait propice à nous disposer en mode créatif. Ou, plus humblement, c'est une énumération interpelante de ces notions cruciales dont nous pourrions découvrir les manques dans nos parcours individuels. Notions susceptibles de renouveler notre soif des commencements. Chacun pourra cocher les cases qui lui correspondent.


Notions-clés
Dates
L'esprit d'enfance
24/07
La génération "ERASMUS" / Les marcheurs de Jorsala
10/07
La pensée arborescente
11/06
La puissance du regard
29/05
La quête interculturelle de Sébastien de Fooz
23/05
Le savoir faire social d'Arnaud Bilande
21/05
Le sens de l'observation chez Anabelle Decottignies
19/05
Les grands écarts de Fabrice Morelle
17/05
La qualité de "frontalier"
13/05
La soif désincarnée de Reeves et la soif charnelle de Van Parijs
9/05
L'aventure transocéanne de Flora Vincent
3/05
Les "savanturiers"
30/04
L'autostoppeur
27/04
Internet et les phénomènes de massification
26/04
L'innovation sociale
24/04
Autrefois la conversation de salon, aujourd'hui hors les murs
21/04
Puissance de la rencontre
18/04
Chercheurs dans, et hors de l'institution
2/04
Etre "passeur": vertus de l'entre-deux
23/03
Chercheur: un chemin initiatique
16/03
Au-delà des frontières : la nouveauté
8/03
L'indiscipliné fait le pluridisciplinaire
6/03
L'homme vivant est un chercheur intuitif
3/03
La société entière en mode créativité
27/02
Laboratoires sans murs
25/02
L'enthousiasme
16/02
Qu'est-ce qui les fait courir?
14/02
Le principe d'incertitude
4/02
Les rebondissements qui font un visionnaire : Chris Bowler
31/01
La feuille de route (grille de lecture)
24/01
L'homme prime sur l'institution
21/01

24/04/2017

Sciences, interculturalité ... et voici l'innovation sociale

      Le panel de la Table Ronde cherche lui-même une mixité en son sein. Nous ne sommes plus dans la diversité sociologique, mais dans le souci d'être plus représentatifs des formes variées que prennent les élans créatifs de la jeune génération. Comme déjà évoqué, il doit y avoir une place pour les personnalités créatives de la science, de l'entreprise, du monde associatif, des arts et lettres, sans aucune exclusive.

Forts de notre base scientifique de départ, et après avoir aussi embarqué Sébastien, un passionné de la rencontre interculturelle, nous accueillons aujourd'hui un spécialiste de l'animation sociale, membre chevronné de l'équipe de "Periferia". Arnaud est immergé complètement dans un contexte expérimental. Pour lui et ses collègues, chaque événement de la cité, chaque lieu de dialogue ou de délibération, chaque initiative d'un agenda éducatif, civique ou culturel, se présente comme un défi sans équivalent. Tout est chaque fois à réinventer, en des circonstances et auprès de milieux humains à découvrir comme tels, tout en constituant pas à pas un corpus d'expérience qui devient la richesse de l'Association.

Arnaud a été confronté à notre feuille de route (24 janvier 2017) comme ses prédécesseurs scientifiques. Et ce qu'il en dit, au premier abord, nous suggère des convergences avec les scientifiques, mais aussi quelques singularités à noter au passage. Résumons le bilan de popularité des multiples questions répertoriées à la feuille de route. Sept d'entre elles ont été mentionnées au moins une fois (et six autres semblent actuellement négligées), dans l'ordre suivant:

+ Mentionnée 4 fois:
---> la question du métissage des équipes du fait de l'internationalisation des activités

+ Mentionnée 3 fois:
---> les activités créatives comme antidote de la morosité de la société

+ Mentionnées 2 fois:
---> la dimension intergénérationnelle
---> la sérendipité ou séduction de l'imprévu
---> l'inconfort de l'altérité consentie, ou le choc culturel au travail

+ Mentionnées une seule fois:
---> Les nouvelles appartenances en réseaux
---> l'impact des réseaux virtuels

Les deux questions connexes relatives à l'importance prise par les réseaux virtuels n'ont été retenues que par Arnaud. Or, nous savons bien que les autres, qui émanent de la recherche scientifique, ont une très grande familiarité avec internet, les interconnections, les projets internationaux, la gestion mutualisée de masses de données, etc. Ce n'est pas l'outil en tant que tel, ni le réflexe connecté, qui les différencie entre eux et pourrait expliquer l'intérêt singulier d'Arnaud. Laissons à celui-ci le soin de motiver son intérêt.

Il se demande si "il n'y aurait pas un risque de voir se renforcer des formes d'entre soi en travaillant en réseau (dimension horizontale où on fonctionne sur base d'affinités ou d'intérêts). Cela ouvre-t-il réellement vers de nouveaux horizons, ou bien n'est-ce qu'une extension de ce qui existe déjà?" Arnaud met aussi l'accent sur le fait objectif que tout travail n'est pas forcément numérisé, qu'il y a donc une grande part de travail encore matérialisé. D'où la question de l'effet plus ou moins pertinent de l'organisation en réseaux virtuels horizontaux sur l'amélioration des conditions du travail conventionnel et de l'efficacité de celui-ci.

En bref : quelle évidence y a-t-il que ces réseaux connectés puissent rendre le travail plus créatif, plus innovant, voire plus agréable, et qu'ils ne conduisent pas au contraire à accentuer une tendance à la paresse de l'entre-soi (l'interconnection va concerner des plus grandes populations délocalisées, mais constituées de semblables par leurs compétences ou leurs intérêts).

Réseaux horizontaux et créativité: la question a été ouverte par Arnaud pour la Table-Ronde, et invitera les participants à distinguer la façon originale dont s'exerce le tempérament créatif dans des branches et des métiers aussi divers que ceux représentés parmi nous. Si le problème n'est pas ressenti de la même manière en recherche scientifique, c'est évidemment que la démarche scientifique obéit à des principes et à une déontologie qui lui est particulière. Il faudra entendre Arnaud sur les possibilités de dérive dans le milieu associatif et dans les conditions de l'animation sociale.

Au-delà des questions pré-établies de la feuille de route, Arnaud fait miroiter d'autres facettes de l'esprit créatif.

- Il est soucieux plus que d'autres des enjeux associés au déploiement de toute forme de créativité dans les milieux qu'il côtoie. Il est clair pour lui que les enjeux déterminent le besoin et les formes éventuelles de la créativité d'une quelconque communauté humaine.

- Parmi ces enjeux, il note avec beaucoup d'autres que la tendance au repli sur soi s'impose comme un fléau social de notre société contre lequel il faut résister, et pas seulement dans les milieux défavorisés !

Il ressort clairement de nos premiers échanges avec Arnaud que la proximité du terrain et l'urgence de pouvoir traiter avec l'humain le conduisent à porter un regard sur les conditions de la créativité plus directement soumis à un impératif de pertinence et d'impact social. Guère de place pour le dilettantisme, à peine plus pour la spéculation intellectuelle ou la sanctuarisation des connaissances. Le créatif aura à faire ses preuves dans la confrontation au réel social. Objet de réflexions pour le chercheur scientifique pour qui, à son corps défendant, le dialogue avec la société est davantage un enjeu politique qu'une réalité vécue.

14/02/2017

A quoi sont-ils plus sensibles ?

Mais qu'est-ce donc qui les titille ainsi ?

Chris et Helga (précédents articles) sont des chercheurs exemplaires, on l'aura compris, mais pas exceptionnel. Leur expérience particulièrement forte a bénéficié d'un plus grand nombre d'années pour s'être construite, mais les jeunes générations les suivent et reproduisent avec une nouvelle fraîcheur les comportements "ouverts" qui font de tout homme un chercheur. L'idée qui transparaît est que le chercheur n'est pas nécessairement un savant (il peut le devenir), mais il est quelqu'un capable d'endosser le costume de l'aventurier ou du détective, sans crainte de se mettre en danger.

Nos plus jeunes chercheurs ont aussi quelque chose à nous dire au regard de leurs itinéraires récents, jamais achevés, aussi riches d'enseignement qu'ils sont souvent bousculés et sujets à digressions. Vont-ils confirmer pour nous cette intuition, selon laquelle les chercheurs prédisposés au succès auraient en commun moins le privilège du savoir qu'une aisance comportementale à sortir du cadre et une mobilité intellectuelle insatiable?

Si nous leur demandons ce qui les fait courir ainsi, et ce à quoi ils sont d'autant plus exposés, certains d'entre eux (AD, LC, CR) désignent - entre autres - les aspects suivants (voir la "feuille de route" publiée précédemment) de leur engagement :
·         >   Antidote à la morosité de la société (AD, LC, CR)
·         >   Dimension intergénérationnelle (AD, LC)
·         >   Métissage institutionnel (AD, LC, CR)
·         >   Sérendipité ou la séduction de l'imprévu (AD)
>        >   Non évidence de l'altérité consentie = le choc culturel (CR)
Ils peuvent en effet témoigner du rôle que jouent ces aspects-là dans leur expérience de jeunes, de chercheurs, et tout simplement d'acteurs sociaux. A suivre dans les articles à venir ... 

24/01/2017

L'ouverture féconde, ou l'errance du chercheur



Feuille de route : notre choix provisoire de questions sur le contexte créatif

Ces questions sont optionnelles, et ne prétendent pas faire le tour de toutes les composantes de la formation individuelle à la créativité. Comment fonctionne un esprit créatif ? La créativité dans la recherche est-elle de l'ordre de l'inné ou de l'acquis? Existe-t-il des comportements créatifs, des moments créatifs? La créativité est-elle une valeur dans nos sociétés? Plutôt que d'en faire un discours académique, ne serait-ce pas l'occasion de laisser nos jeunes chercheurs, ceux qui reviennent de la première ligne du front, nous conter leur façon d'apprivoiser l'énergie créative. Leurs histoires parleront par elles-mêmes.


1.     Nouvelles appartenances en réseaux : Avec vos habitudes de participation dans des projets sans frontières, avez-vous conscience de bénéficier d’une ‘famille élargie’, constituée (peut-être de manière simplement opportuniste) d'acteurs disséminés dans les implantations partenaires d'une même expérience ? Cette ‘famille élargie’ commence-t-elle à créer ses habitudes internes de convivialité dans la mixité ? Réalité pour vous de la notion de "recherche sans murs" si vous êtes scientifique, ou de "délibérations en cercles concentriques" si vous êtes un acteur social, ou "d'affinités littéraires/esthétiques/existentielles" si vous êtes un auteur?

2.     Fonctionnement des réseaux virtuels : Compte tenu des nouveaux moyens de communication, comment échangez-vous sur base régulière, ou dans des circonstances provoquées, avec les autres partenaires entrant dans vos réseaux (moyens techniques de communication, plates-formes, nature et fréquences des échanges à distance, formats d'expression, fonctions de l'image et de l'écrit, tyrannie du buzz ou mise en récit, etc) ?

3.     Impact des réseaux virtuels : Comment se répercutent sur vos travaux les interactions avec ceux qui collaborent ou pourraient collaborer avec vous, par delà les frontières disciplinaires, institutionnelles et/ou géographiques ? Y a-t-il concurrence entre la "fraternité" des réseaux et la "paternité" des travaux ? Entre l'instantanéité des réseaux connectés (temps court) et le renouvellement des connaissances et des bonnes pratiques (temps long).

4.    Métissage institutionnel : Vos propres équipes, ou vos partenaires naturels dans une configuration moins encadrée, ne sont-ils pas de plus en plus constitués d'une constellation de nationalités différentes in situ ? L'internationalisation de l'humain aurait-elle gagné vos lieux de travail ? Votre rapport à la performance et à l'efficacité, éventuellement votre propre réalisation dans le travail, se ressentent-ils de la cohabitation avec des identités multiples ?

5.     Sérendipité : Par un regard rétrospectif sur votre parcours, si vous considérez vos succès et vos échecs au cours du cheminement paradoxal de vos travaux, comment évaluez-vous la part de la surprise, de l’inattendu, de l'improvisation, du choc des idées, voire d'une erreur, sous l'emprise d'un environnement humain changeant et interactif ?

6.     Inconfort de l'altérité consentie : En même temps, ce tissu humain qui puise dans des origines différentes, et qui devient multidisciplinaire et multiculturel, ne vous expose-t-il pas à devoir affronter des stéréotypes, ou à devoir surmonter des barrières conceptuelles et linguistiques ? Lesquelles ... et comment les surmonter au prix d'une réelle dépense énergétique ? Surtout: pourquoi les surmonter ?

7.     Dimension intergénérationnelle : Comment vous arrive-t-il de vivre au travail le rapport "mentor" à "disciple", "expert" à "usager", "maître" à "apprenti", "légitime" à "franc-tireur"?  Quelle espèce de jeu se met en place avec vos anciens, susceptible de libérer (ou, au contraire, de contraindre) votre propre créativité ? Avez-vous vécu une situation inversée, dans laquelle l'ancien a pu tirer un avantage d'actes ou de paroles posés par sa jeune garde ?

8.     L'arroseur arrosé : Vous êtes à un âge qui vous a déjà fait abandonner votre condition d'étudiant, et qui vous amène peut être à devoir commencer à enseigner, ou à encadrer, à votre tour. Pourtant, le partage inépuisable des connaissances montre qu'il ne faut jamais cesser d'apprendre, et qu'il est peut être vain de prétendre enseigner sans pour autant réveiller sa naïveté d'écolier. Faites-nous part des situations qui font de vous des enseignants enseignés, et étonnez-nous sur la diversité des sources (codifiées ou empiriques) qui renouvellent encore votre regard, vos références, ou vos représentations du réel.

9.    Importance de la discontinuité d'un parcours : Le prospectiviste Thierry Gaudin a dit : « La création procède le plus souvent de personnes déplacées … Elle est une émanation de l’écoute environnante ». Il semble en effet particulièrement fécond d'être à même de déplacer ses points de vue, au point de pratiquer le décentrement comme une saine attitude professionnelle. Est-ce bien votre expérience ? Ou celle de certains collègues dont les trajectoires ont pu vous impressionner ?

10.  Implications sociales d'une mobilité de la tête et des jambes : En évoquant le programme de mobilité des étudiants et apprentis ERASMUS, le sémiologue Umberto Eco a dit: «C’est aussi une révolution sexuelle. Les couples mixtes que ce programme a suscité à hauteur du million, et leurs enfants bilingues à naître, constitueront une nouvelle élite européenne qui laisse augurer un avenir plus convaincant à notre Europe ». Dépassant l'anecdote, avez-vous le sentiment qu'une certaine disponibilité professionnelle à intégrer la différence se répercute positivement dans l'intime (la vie domestique, familiale ou affective, sans oublier les loisirs) ?

11.  Créatif, parce que culturellement situé : Le juriste Dominique Rousseau, expert notamment de l’agence d’évaluation de la recherche, déclare : « Il n’y a pas de passerelle entre les élites intellectuelles et les élites économico-politiques ; ces dernières ne lisent plus ! ». Voir aussi Philippe Coulangeaon: les métamorphoses de la distinction (Grasset, 2011). En tant que personne animée par un esprit curieux, impatient et créatif, avez-vous le sentiment de rejoindre une élite et, si oui, laquelle ? Que lisez-vous encore en dehors de votre spécialité ? L'inspiration tient-elle (en partie) à des lectures mémorables ? Certaines lectures ont-elles été pour vous l'équivalent de rencontres initiatrices ?

12.  Réductionnisme versus holisme : Le macrocosme social expérimente dans nos contrées le soit-disant "repli identitaire", qui n'est pas sans évoquer, dans le microcosme des chercheurs ou experts, le "repli réductionniste" qui les guette. Le confort de sa propre spécialité évidemment sécurise ... Il n'y a pas que sa culture ethnique, linguistique ou nationale qui procure à soi un nid douillet. On peut en dire autant de la culture professionnelle, à laquelle on se donne d'autant plus volontiers qu'elle procure inconsciemment le plaisir d'ostraciser tous ceux qui n'en partagent pas les lumières. Comment votre esprit spéculatif parvient-il à combiner une part légitime de ce réductionnisme professionnel et, en même temps, une lucidité holistique qui donne droit à tout un contexte et matière à relativisation? Comment se pratique chez vous cette gymnastique intellectuelle du yin et du yang pour décrypter le réel qui vous entoure ?

13. Un antidote pour la morosité de la société :Vous sentez-vous différent (engagé, curieux, animé, équilibré, peut être heureux) depuis que vos expériences vous ont délocalisé et projeté dans un univers prospectif, où le regard est multiple, la pensée vagabonde et la parole libérée ? Pensez-vous que de telles dispositions soient propres au milieu universitaire, comme aussi à celui de l'apprentissage, ou qu'elles puissent contaminer d’autres collectivités humaines dans la vie de la cité ? Ces dispositions sont-elles essentielles à la créativité en général? Le repli sur soi, au contraire, est-il une stérilisation ?

Tout autre ressenti ? C'est le moment de VOTRE question. Votre vécu est unique, et il nous importe de saisir quel événement, quelle expérience, quel contexte réactionnel ont pu déterminer des virages critiques dans votre jeune carrière, dont vous avez à vous féliciter rétrospectivement. A vous de nous surprendre.