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Pour entrer directement dans le vif du sujet, voir l'article: L'ouverture féconde ou l'errance du chercheur, du 24 janvier 2017, référencé par le libellé "feuille de route".

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19/09/2017

Derniers ruminements ...


Notre Table Ronde : c'est pour dans 9 jours !
Ce n'est un secret pour personne, toute aventure - de la plus modeste à la plus ambitieuse - jouit pour son essor des bonnes grâces d'une fée bienveillante, d'une muse ou d'une éminence grise.
Anabelle nous a déjà décrit comment la sienne s'est renouvelée et déployée d'étape en étape à la fréquentation de quelques grands maîtres. Leurs visages s'évanouissent et nous sommes tenus hors de leur sphère d'influence, qui a bel et bien constitué Anabelle telle que nous la découvrons aujourd'hui. Mais de tels maîtres sont bien vivants dans l'ombre de notre panéliste.
Figurez-vous que notre Table Ronde, qui n'échappe pas à la règle, a aussi sa bonne fée, sa muse, son éminence grise. Vous ne connaîtrez pas son nom, mais il est là. Et il nous dit ceci, dans un message de ces derniers jours (merci à lui):
"Je me suis demandé à la lecture de ce que tu écris dans le blog comment je me préparerais à l’animation d’une telle table ronde centrée sur la créativité et l’ouverture. Je crois que je me centrerai sur « qu’est-ce qui m’émerveille (ou au moins m’étonne) dans l’expérience de chacun » et je crois que j’inviterais chacun des 5 participants à se poser une question semblable et à y répondre par rapport à l’un ou l’autre, faute de pouvoir trouver le temps pour faire de même avec tous."

Chers panélistes en mode créatif, vous savez ce qui vous attend:
- un bref tour de table de présentations (mode déclamatoire)
- un tour de table de témoignages plus appesantis (mode narratif)
- un dernier débat (mode interactif).
Ce débat final se nourrira évidemment de vos réactions à cette question qui nous est opportunément inspirée:
 « qu’est-ce qui m’émerveille (ou, au moins, m’étonne) dans le témoignage de mon voisin»?


Car, en effet, nos panélistes n'ont rien à nous apprendre qui soit de l'ordre du savoir ou de la représentation. Et cependant, vous trouverez dans leurs démarches et leurs manières d'être quelque chose de non évident, de non trivial, et qui ressortit davantage à l'attitude ou au regard. Voici donc ce sur quoi nous aimerions conclure: qu'ils mettent aussi leur capacité à s'étonner au contact du récit de l'autre, dont le témoignage vient à leur rencontre.

08/09/2017

Table Ronde du 28 septembre 2017 à Houffalize (Belgique)

Dans 3 semaines, la Table Ronde sera ouverte et produira ses effets. Chacun s'y prépare, en essayant simplement de faire la vérité en soi. Nos panélistes n'ont pas de rôle à jouer si ce n'est leur propre rôle, puisqu'ils n'auront pas de meilleur argument que celui consistant à partager un peu du secret de leurs engouements.

·      Anabelle m'a convaincu de l'importance de la fréquentation des maîtres, auprès de qui chacun voudrait pouvoir s'ouvrir l'esprit. Davantage qu'un apprentissage exclusif, elle valorise les enchaînements d'apprentissages par l'écoute de plusieurs maîtres qu'il conviendrait d'aller chercher, afin de partager par tranches de vie leurs univers particuliers, leurs milieux académique et humain, leurs paysages et leurs décors.  Elle me fait penser à cette autre personnalité inventive, Fabienne Verdier peintre-calligraphe, qui est partie en Chine pour solliciter les enseignements d'un vieux lettré, et qui a passé des mois entiers à glisser ses ébauches et ses brouillons sous sa porte jusqu'à ce que celui-ci daigne la faire entrer.
            Mais Anabelle m'a fait aussi connaître d'autres aiguillons de sa pulsion créative. Pour elle, rien ne semble compter autant que le regard, c'est-à-dire l'attention, la capacité à déchiffrer les apparences, l'écoute des signaux faibles. Ensuite, sa réponse à une telle imprégnation du réel passe par toute la rigueur de la méthode scientifique, où l'on retrouve des points communs avec Flora qui, quant à elle, m'a communiqué semblablement sa confiance dans le doute et son recours incessant à l'esprit critique.

·      Flora, justement, se singularise par une curiosité à toute épreuve, une soif de découvrir et d'expérimenter. Elle est mue par un indéniable amour de la diversité, de la nouveauté, de l'étrangeté qui constituent son puits de connaissances. Elle m'a étonné par sa vision réunifiée du monde, où la biologie (la nature) et l'humain (la culture) ne seraient qu'une manifestation unique des forces de la vie. D'où son appétit exceptionnel de rencontres et sa recherche d'une pluralité des regards. Elle a su me décrire les effets déterminants des écarts, des ruptures, des imprévus, de certains face-à-face capables de modeler tous les accents du désir et les élans de la volonté individuelle.

·      Fabrice, notre benjamin, est à l'âge des doutes et des essais. Il sent mieux que quiconque la valeur de l'indétermination, donc de la condition prémature. Il manifeste une émouvante soif d'être, mais cherche à ne pas se laisser déjà capturer par les formatages excessifs auxquels conduisent souvent les filières professionnelles. Il incarne à mes yeux le respect (presque de nature anthropologique) des potentialités inexplorées de l'humain, le besoin chez tout individu de ne pas étouffer l'artiste qui sommeille. Justement, artiste il l'est aussi, puisqu'il démontre par ses engouements une capacité - une joie diraient certains - à appréhender avec égal bonheur les complexités de la chimie des matériaux au plus haut niveau scientifique, et l'écriture musicale pourvoyeuse d'émotions esthétiques .

·      Arnaud partage avec Fabrice cette qualité enviée d'être à la fois chercheur et artiste. A la musique de Fabrice, il répond par ses talents graphiques et plastiques. Et aux sciences naturelles de Fabrice, il oppose son adhésion aux sciences humaines et sociales. Sa particularité dans le groupe est que ses recherches n'ont rien d'académique mais se situent dans le monde réel. En réalité, il est davantage un expérimentateur des techniques et pratiques de l'expression publique, de la décision collective et du compromis, des échanges éducatifs et culturels. Arnaud entend les plaintes du monde contemporain, et particulièrement celles de la ville cosmopolite, pour y trouver sa grande motivation à susciter de l'innovation sociale. Ce qui m'émeut chez lui, c'est qu'il est animé du souci de rendre toute la collectivité créative, plutôt que de privilégier sa propre image.

·      Sébastien pourrait se reconnaître en Arnaud, lui qui s'est également formé aux sciences sociales et s'est toujours chargé du souci de l'humanité. Sa marque est la confiance qu'il met dans le déplacement, le dépouillement, le renversement, ce qui me rappelle l'adage si bien défendu par le prospectiviste Thierry Gaudin, selon lequel l'innovation procèderait le plus souvent de personnes déplacées. A son programme depuis des années, il a mis la marche à pied. Mais pas n'importe laquelle : il propose la marche trans-culturelle. A pied à Jérusalem, il l'a fait, et ses continuateurs sont désormais en marche d'Ostende à Odessa. Pas pour la performance, mais très exactement pour que se répète de jour en jour le miracle de la rencontre. Bien sûr, Sébastien ne pouvait se borner à l'épopée, et son projet s'est donc commué en un patient labeur de restauration du tissu social dans la ville, par le biais de "tables de dialogue" inter-culturelles.

Le paradoxe de notre Table Ronde, c'est que la diversité des origines, des parcours individuels et des intérêts particuliers de nos 5 panélistes, qui d'ailleurs ne s'étaient jamais vus auparavant, n'entame en rien leurs véritables convergences. Ils nous donnent unanimement à découvrir les mêmes acteurs sociaux engagés, amoureux de ce monde, concernés par son avenir, et confiants dans le besoin et la possibilité d'un renouveau. Admettez avec moi qu'ils sont tous, chacun à sa manière, des chercheurs, en laboratoire, en ville, sur les océans, au secours de la société et en mal d'utopies. Convenez qu'ils sont tous également, chacun à sa manière, des artistes, par le geste, la sensibilité, la technique, la capacité d'étonnement et la communion avec leur univers, aussi mystérieux que merveilleux. Et tous, chercheurs et artistes de conviction, viennent nous redire, comme s'ils n'y étaient pour rien, les bienfaits sur leurs chemins de la rencontre interpersonnelle, celle qui n'a cessé de les construire. Rendez-vous à la fin de ce mois pour réunir nos impressions post-partum.

29/05/2017

"La pensée voit" ... et le regard pense

Titre inspiré d'Alexis Jenni (Son visage et le tien, Albin Michel, 2014).

L'infime détail qui fait la différence !
Rappelons-nous telle ou telle visite d'une exposition d'art chinois, et nos émois devant les lavis éthérés de lettrés classiques, dont la subtilité allait jusqu'à attribuer à leurs paysages des titres improbables. Quelques exemples bien réels, parmi d'autres:
- L'appel de la grue couvrant une onde claire
- Propos échangés au hasard d'une rencontre sur la falaise du pin
- Couple de dames à la recherche de la fraîcheur
- Rêvant de l'immortalité dans une chaumière
Or, nous avions beau écarquiller les yeux, tous ces paysages "shanshui" sous nos yeux semblaient immuables, faits de monts et vallées à perte de vue, cascades et étangs, rochers et arbres rabougris. Il fallait presque s'aider d'une loupe et y mettre un temps suffisant pour déceler, en dehors des axes de la perspective, la présence incongrue et insignifiante de l'animal, du personnage ou d'une action en cours, noyés dans l'immensité du paysage et où s'exprime avec politesse l'état d'âme de notre artiste oriental.



Sommes-nous donc assez observateurs?
Dans nos vies quotidiennes et nos environnements familiers, nous passons à maintes reprises devant des scènes dont la plupart des acteurs nous échappent également. Nous avons nos repères urbains, nos paysages décadents dont la laideur ne cesse de nous rassurer, tant de masques interchangeables pour peupler nos lieux de passage, mais en réalité nous ne voyons rien. Nous serions les premiers surpris si, comme le spectateur étonné des paysages de lettrés chinois, nous prenions le temps de nous asseoir et de fouiller lentement du regard chaque parcelle de nos paysages les plus fréquentés. Surgiraient alors de derrière les apparences d'innombrables détails inaperçus, tels que des anomalies de constructions, des objets abandonnés, des passants portant le malheur ou le bonheur sur leur visage, un nid d'hirondelles, une lampe allumée en plein jour, un chien boîteux, un vol de papillons, une boîte à lettres débordante, un vieillard collé à sa fenêtre, et ainsi de suite à l'infini.




















Le regard : acte premier de la création?
Pourquoi cette digression apparemment futile? Simplement pour nous faire saisir où commence l'ouverture féconde, qui est vécue si intensément par les personnes au tempérament de chercheur. Ces personnes-là, en effet, seront les premières à avoir aperçu l'appel en pointillés de la grue dans les brumes d'une peinture chinoise, ou le vieil homme effacé derrière sa fenêtre dans l'indifférence d'un trajet familier.



Toute création se sert du regard, mais d'un regard qui relève davantage de l'observation, de l'attention[1] que du pilotage automatique. Léonard de Vinci recommandait le "saper vedere", donc savoir voir, comme si l'observation supposait un apprentissage et impliquait une forme d'investissement personnel. Il y a là un effort, une tension, au bout desquels viendra poindre la capacité à nommer toutes les formes innombrables du réel. Ainsi le chercheur nomme pour appeler, pour peupler son univers. Il ne nomme pas pour ranger, mettre la chose nommée dans une case avec sa naphtaline, comme pour la réduire à son stéréotype. Tous les chercheurs se reconnaîtront. Bien plus, cet art de nommer n'est pas l'apanage de la science, et se rencontre avec un égal bonheur dans les arts et les lettres. Pontalis fait preuve d'une rare intelligence quand il spécifie: "L'apprenti écrivain que je serai toujours devine l'écart entre le mot qui dévoile la chose en la nommant, et celui qui risque toujours de l'abolir en la désignant." Un scientifique n'aurait pas mieux dit.

L'appauvrissement culturel : une faiblesse du regard ?
Nous évoquions donc la primauté de l'observation, mais d'une observation attentive et créatrice, que la plupart des chercheurs (scientifiques, naturalistes, photographes, peintres, psychologues, enquêteurs, etc) connaissent comme une seconde nature. Avec eux, essayons de considérer tout paysage naturel, ou le visage qui s'offre à nous, ou les paramètres plus abstraits d'une étude en cours, comme un véritable thésaurus de signes cabalistiques qu'il faudrait arracher à l'insignifiance. Des signes cachés innombrables, dont les combinaisons sans fin racontent des histoires auxquelles il nous est donné de restituer la plénitude du sens.

L'une d'entre nous, Anabelle, faisait de l'insistance du regard (article du 19/05/2017) une prédisposition du chercheur indispensable à sa créativité.

Comme toutes les prédispositions, elle est aussi donnée à tout le monde, mais doit évidemment s'exercer au quotidien. Deux pédagogues de l'observation auprès de la jeunesse britannique d'un autre temps (Baden Powell et Rudyard Kipling) recommandaient la pratique de jeux d'attention, l'un forçant sur les jeux de piste au grand air, l'autre exploitant le fameux jeu de Kim pour la mémoire visuelle. Peu de chances que ces méthodes fassent encore aujourd'hui beaucoup d'adeptes, quand on constate, par exemple, qu'une bonne moitié de nos concitoyens usagers des  transports en commun préfèrent se replier sur leurs tablettes ou s'isoler entre deux écouteurs. Les caméras de surveillance vont-elles un jour tenir lieu de regard, et délégitimer l'attention du passant à son voisinage?

Parmi nous, Arnaud a fait une remarque pertinente (article du 21/05/2017) sur son besoin de multiplier en ville les rencontres inter-personnelles, celles qui ont horreur de la bulle des connexions virtuelles. Ces rencontres qui ne doivent pas se réduire à des événements ritualisés, mais permettre dans l'inattendu de nos déplacements un nourrissage quotidien aux sources de la diversité culturelle, comportementale et intellectuelle. Sinon : c'est la torpeur qui guette le blasé du regard, dont la superficialité pourrait faire de lui un être démotivé et justement ... insignifiant. Une analyse plus poussée chez Philippe Coulengeon: la sociologie des pratiques culturelles, La Découverte, 2016.

Pour qu'une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps (Gustave Flaubert).



[1] L'attention consiste à suspendre sa pensée, à la laisser disponible, vide, en attente, prête à recevoir dans sa vérité nue l'objet qui va y pénétrer. La vérité ne se trouve pas par preuves, mais par exploration (Simone Weil).

19/05/2017

Regarder ce que les autres ne regardent pas

Voilà quel est l'aiguillon qui pousse Anabelle à donner le meilleur d'elle-même. Le regard est la clé. Tout ce qui s'offre à la vue est offert. C'est gratuit, pourquoi s'en priver, pourquoi s'engluer la vue dans le cliché et la familiarité quand on sait qu'il suffit d'écarter un peu le voile? Chez nos amis chercheurs, le regard est leur premier instrument. Il est exercé par un long écolage pour faire sienne une panoplie de bonnes pratiques (bibliographie, modélisation, protocoles, essai-échec, répétabilité, réfutation par les pairs, etc), sur lesquelles asseoir l'originalité et la crédibilité de ses conclusions. Le regard d'Anabelle, selon ses propres mots, c'est l'attention constante à ce qui peut échapper aux autres, c'est l'importance du détail qui passerait inaperçu, c'est le langage des signaux faibles.



On connaît le regard qui tue ... voici le regard qui crée
Il est vrai que le paysage d'Anabelle est loin de rappeler le décor de nos jours. Il plonge dans l'infiniment petit. Il règle tout simplement la vie de nos chromosomes. Le Prix Nobel de médecine de 2009 avait révélé au grand public l'importance des télomères, ces terminaisons chromosomiques dont la détérioration accompagne inexorablement le vieillissement cellulaire, et de la télomérase, l'enzyme capable de régénérer les télomères.  La même télomérase peut aussi être accidentèlement suractivée dans un processus qui aboutit à la prolifération cancéreuse. Anabelle dirige une équipe de recherche qui se penche sur un mécanisme alternatif de maintien des télomères, capable de jouer un rôle dans  le passage à l'état tumoral, notamment dans les cancers pédiatriques de l'os ou du cerveau.
Anabelle met son équipe sur deux voies parallèles:
- la recherche de molécules susceptibles d'empêcher le maintien des télomères par ce mécanisme alternatif (nécessitant une collaboration avec des chimistes et le don de cellules de la part des patients);
- l'élucidation des voies biologiques qui permettent aux sujets s'adonnant à des activités physiques régulières de voir leurs télomères protégés au-delà  des évolutions constatées chez les sédentaires (nécessitant une collaboration avec des kinésithérapeutes et le don de biopsies de la part de volontaires).

On croisait le fer ... ici, on préfère croiser les regards
On constate d'emblée combien le chercheur doit se mouvoir dans un champ pluridisciplinaire, et conjuguer les apports d'autres spécialistes (ici: des chimistes, des cliniciens, des kinésithérapeutes, etc) pour apporter leur expertise autour des avancées circonscrites aux conditions du laboratoire chef de file. Tout ça pour dire qu'une équipe de recherche s'appuie sur des échantillonnages et dépose des résultats qui ont vocation à faire sens au-delà des conditions du laboratoire leader. Et qui, de ce fait, mettent en mouvement des compétences extérieures à des moments déterminés. C'est une analogie avec l'oeuvre d'art, si l'on veut bien adopter une perspective plus large. De même que l'oeuvre d'un artiste finit par lui échapper et se trouve investie du sens que veulent bien lui donner ses admirateurs, les percées scientifiques ont forcément des résonances au-delà de leur périmètre expérimental, et concernent tôt ou tard des constellations d'autres chercheurs, qui se trouvent appartenir à des univers emboîtés.

A cet égard, il faut aussi considérer l'architecture organique du travail en laboratoire. Pour traduire en expériences finalisées la stratégie globale de recherche d'Anabelle, 5 collaborateurs sont à la tâche, qui viennent d'horizons les plus divers (nationalités belge, française, grecque, italienne et tchèque). En effet, l'économie des circuits courts, du commerce de proximité et de la préférence nationale qui jouit d'un capital de sympathie dans les opinions publiques n'a pas sa place dans les milieux de la créativité, qu'elle soit scientifique ou artistique. Une équipe attelée à des investigations pointues, sous la pression d'une concurrence internationale de tous les instants, ne pourra faire sa place que si elle recrute à un moment donné les collaborateurs les plus finement ajustés à leur tâche, sans égard pour leurs passeports.
En dernier ressort, l'économie de la recherche ne circule qu'à travers des réseaux connectés internationalement. Pour Anabelle, cela représente en aval la conduite de son groupe multicolore, mais aussi en amont le suivi des données pertinentes produites dans 20 à 30 laboratoires capables de concourir au même niveau à l'échelle planétaire.



Aujourd'hui, Anabelle vous laisse un message simple, qui est le fruit de son expérience en matière de créativité scientifique. Davantage que la conjugaison d'une multiplicité d'origines qui est devenu une évidence dans le montage de projets, c'est la conjugaison des héritages de grands maîtres (les vrais patrons de la recherche au sens de l'originalité absolue de leur mode de pensée et de leurs méthodes d'investigation) qui permet d'optimiser une équipe désireuse d'émerger. Voyez-vous, c'est un peu comme dans un autre domaine artistique: celui de la musique. On ne fait de la bonne musique qu'avec d'excellents interprètes. Mais peu importe la nationalité de ceux-ci, pourvu qu'ils aient été formés par tel ou tel grand maître qui aura laissé une empreinte indélébile.

La leçon qu'il faut en tirer pour de jeunes créatifs serait certainement celle-ci: après une bonne formation de base, allez faire vos preuves chez les meilleurs du moment, comme le font les "compagnons du tour de France", qui perpétuent le savoir faire des métiers d'art. Si vous cherchez l'excellence, soyez compagnon du tour du monde. Anabelle a donc fait sa biochimie chez l'un de ces maîtres, sa génétique chez un autre, et sa découverte de la complexité des cellules humaines chez un troisième. Le chercheur est un passeur de relais, tout le contraire d'une tour d'ivoire. A bon entendeur ... salut !

20/01/2017

Les premiers à nous rejoindre

Nous sommes le mardi 17 janvier 2017. Date abréviée  en 17.01.17, ce qui ne manque pas de plaire à l'oeil ! C'est le jour de la rencontre d'Anabelle Decottignies et de Jean-François Collet, tous deux chercheurs à l'Institut de Duve (UCL, Campus de Woluwé). Leur expérience humaine et professionnelle va nous intriguer. A première vue, ils ont eu d'excellents maîtres dont ils chérissent la fréquentation. Ils ont connu et pratiqué par périodes des équipes différentes et culturellement éloignées (Grande Bretagne, USA). Ils vivent à présent l'aventure de la recherche aux côtés de toutes les nationalités possibles. Leurs intérêts les placent aujourd'hui au coeur des secrets du vivant, ce qui ne manque pas de les disposer à être aussi des amoureux de la vie en famille, en amitié et à l'égard du milieu naturel. Il n'en faut pas plus pour nous intéresser. Merci, Anabelle et Jean-François, de bien vouloir cheminer un peu avec nous.