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Pour entrer directement dans le vif du sujet, voir l'article: L'ouverture féconde ou l'errance du chercheur, du 24 janvier 2017, référencé par le libellé "feuille de route".

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21/05/2017

Et si on essayait l'intelligence collective ?

Bonjour à tous, voici Arnaud !

A mon tour ...

Créatif ? Mais à une autre échelle
Je m’appelle Arnaud Bilande et je suis né à Anderlecht (Bruxelles) en 1985.
Je suis actuellement (sur)chargé de projets chez Periferia depuis septembre 2011 où je m’occupe plus particulièrement de la communication, du réseau capacitations citoyennes, des quartiers durables citoyens  ainsi que de la coordination de l’association.



Periferia promeut la mise en place d’espaces publics de débat, qui visent à construire collectivement le développement urbain et nos modes d’organisation sociale en croisant les points de vue de personnes occupant des rôles différents par rapport à ces éléments : citoyens habitants, locataires ou propriétaires, usagers transitoires, élus et techniciens de la ville. Pour ce faire, l’association met en oeuvre des actions valorisant et encourageant la capacitation citoyenne de collectifs pour prendre part au débat et agir sur leur environnement. De cette manière, Periferia cherche à rétablir l’influence des points de vue d’acteurs généralement oubliés sur les décisions d’intérêt général.


J’occupe également un mandat d’administrateur dans l’asbl « Le Début des Haricots » qui soutient le développement d’une agriculture urbaine à taille humaine.
Je suis diplômé de l’Erg en narration et ait obtenu l’agrégation en arts plastiques à l’ESAPV à Mons et un brevet d’Eco-Pédagogie (Institut d’Eco-Pédagogie à Namur). J’ai pris part à plusieurs expériences de projets citoyens à Bruxelles (plateforme citoyenne de l’eau en Région bruxelloise, Etat Généraux de l’eau, Bouillon Malibran, Maelbeek mon Amour).

Pour une intelligence collective

Convaincu que c’est à travers la confrontation des points de vue, mais aussi l’implication de chacun d’entre nous dans la politique (la politique en son sens plus large, celui de civilité ou encore de gestion de la cité) qu’il sera possible d’arriver à construire une société plus inclusive et moins inégalitaire, je travaille à faire en sorte que chacun d'entre nous puisse développer un esprit critique sur la société.




Le sens de mon travail consiste donc à permettre un débat constructif tout en facilitant la co-construction de visions partagées. Mon travail consiste enfin à accompagner des démarches collectives visant à transformer la société et influencer les politiques publiques.



Passionné par l’humain, je m’intéresse tout particulièrement à la façon dont nous interagissons et nous prenons des décisions collective (gouvernance partagée, outils d'intelligence collective, etc).

Une vie créative, ça compte pour vous?
Oui énormément, et pour moi cela dépasse largement la dimension artistique. La créativité est un moteur indispensable pour dépasser les situations existantes, apporter des réponses nouvelles aux défis auxquels on est confronté.

Les frontières qu'on vous impose, ça vous lance?
Une frontière n’a de sens que si celle-ci prend en compte la réalité, elle ne peut être tracée telle une ligne qui ferait abstraction du monde et imposée par d'autres (il suffit de voir ce qu’ont produit comme conflits les frontières imposées sur base d’un découpage colonial). Les frontières sont à la fois importantes pour se construire une identité et pour se développer :
- On ne peut imaginer des êtres qui seraient sans aucune attache, aucun liens avec d’autres. Or, le développement de tels liens, indispensable pour que chacun d'entre nous soit reconnu, ne peut se faire sans une certaine forme d’entre-soi.
- En même temps cette frontière, si elle n’est pas questionnée, devient une prison dont on ne peut s’extraire.

























Où avez-vous ressenti sur vous-même la fascination d'une rencontre, le magnétisme de l'étrange autour de vous?
Il ne s’agit pas d’une rencontre mais de rencontres. Les rencontres quotidiennes sont fascinantes, tant on peut se rendre compte de la diversité qui est autour de nous. Elle peut être bouleversante, renversante, dérangeante... mais jamais inutile.

Liens

·      www.periferia.be

·      www.quartiersdurables.be

·      www.capacitation-citoyenne.org

·      http://arnaudbilande.blogspot.be

21/04/2017

Le salon de conversation, sinon l'ailleurs

·      Notons bien que notre exercice prend soin de préférer le vocable "créatif" à celui de "créateur", pour désigner nos jeunes témoins et leurs engagements diversifiés. "Créateur" serait trop emphatique. "Créatif" souligne plutôt la reconnaissance chez chacun d'une potentialité à faire advenir du nouveau, de la singularité, de l'impensé, sans préjuger des formes que leurs contributions talentueuses pourraient prendre.

Or, c'est là que nous rencontrons une question éventuellement polémique. On nous demande pourquoi il faudrait asseoir à la même table des chercheurs scientifiques et des artistes, des écrivains et des entrepreneurs. Un individu créatif dans les sciences, dans l'entreprise, dans les arts et lettres, dans l'animation sociale peut-il légitimement incarner chaque fois la même valeur?

D'où cette question cruciale: y aurait-il quelque chose de commun entre la création substantielle - un art majeur - et la création relationnelle - un art mineur comme certains voudraient bien le dire?

Il est clair que nous avons déjà répondu à cette perplexité, en assumant la décision de réunir ces différents talents côte à côte, et en les invitant à partager leur vécu. Peut être les uns produisent-ils un savoir codifié, tandis que les autres s'appuieraient sur un savoir empirique. Les uns livrent des nouveaux procédés, biens et services, les autres du lien social, de l'immatériel. Les uns participent à l'économie de marché, les autres relèvent du secteur non marchand. Mais tous insufflent à notre société un principe vital: la capacité à se renouveler, à évoluer, à connaître l'enchantement.

Nous posons donc à ce stade un postulat: leurs formes de créativité sont bien distinctes, mais les instincts créatifs s'abreuvent à la même source. Quelque chose qui s'apparente à un horizon commun, un même désir impérieux de se dépasser et d'agrandir le patrimoine commun. Et, pour ce faire, les élans de nos créatifs doivent bien avoir quelque chose de familier entre eux.

C'est ainsi que Lagasnerie (Logique de la création, Fayard, 2011) insiste sur la convergence des courants de pensée historiquement situés: l'auteur invite à ... "faire voler en éclats la distinction entre les travaux qui porteraient sur des objets particuliers (nous disions "substantiels") et ceux qui s'efforceraient d'affronter les problèmes les plus abstraits et les plus universels (nous disions "relationnels")."

Dumézil, cité par Lagasnerie, s'était donné pour projet de montrer comment différents niveaux de la réalité sociale, politique, culturelle, etc, pouvaient être régis par une même loi, un même schéma, un principe commun. A quoi Michel Foucault fait écho dans une autre formulation: "La pensée n'est pas à rechercher seulement dans des formulations théoriques, comme celles de la philosophie ou de la science; elle peut et doit être analysée dans toutes les manières de dire, de faire, de se conduire, où l'individu se manifeste comme sujet de connaissance." On peut bien créer en substance, ou recomposer l'univers relationnel, on n'en est pas moins créatif sous autant d'aspects pour l'ensemble de ses semblables.


Maintenant, étant admise la pertinence de toutes les manifestations du génie créatif, prenons un pas de recul et posons-nous la question de la possibilité, et de la signification, d'une compénétration de ces univers mentaux.
La spécialité ou la discipline ne fait pas le créatif. Ce sont plutôt des créatifs qui, par leurs dispositions mentales, apportent à telle ou telle discipline du vent nouveau. "L'inspiration ou l'intuition ne sont ni des facultés innées, ni des qualités naturelles et inexplicables. Ce sont des attitudes et des dispositions mentales (...) Elles réclament de savoir s'émanciper et s'affranchir des frontières qui, comme les frontières institutionnelles, bloquent la libre circulation des idées et des concepts, pour se mettre à l'écoute des nouveaux possibles, des nouvelles paroles, ou des gestes inattendus qui surgissent dans les espaces autres que le sien," dit encore Lagasnerie. Par exemple, un compositeur de musique contemporaine comme Pascal Dusapin  confesse que son espace de réflexion n'est pas strictement musical, puisqu'en font partie des peintres (Soulages), des écrivains (Beckett), des philosophes (Deleuze), des critiques littéraires (Barthes), mêmes des architectes, etc.



"Les communautés créatrices (...) ont décidé d'élargir au maximum leur horizon intellectuel, de se donner à elles-mêmes d'autres interlocuteurs, de se mettre en rapport avec des individus qui appartenaient à d'autres univers et à d'autres traditions que les leurs". Ou encore : "C'est la transformation et l'hybridation, les unes au contact des autres, d'influences hétérogènes et diverses qui engendrent l'émergence de l'inédit et du singulier." Un constat partagé par des penseurs de tous bords. Michel Serres, auteur du tiers instruit, s'en saisit comme d'une idée maîtresse: "On trouve de ne pas trancher; de ne pas siéger en quelque tribunal. La critique ruine l'invention" (Ecrivains, savants et philosophes font le tour du monde, Le Pommier, 2009). Une conception dans laquelle se glisse avec la même conviction un François Cheng, penseur du vide médian: " S'il n'y a plus rien de nouveau sous le soleil, tout est toujours nouveau par ce qui naît entre" (Le dialogue, Desclée de Brouwer, 2002); aussi bien un Régis Debray, amoureux de l'entre-deux: "Sciences dures ou sciences molles, c'est dans leur entre-deux que la science progresse" (Eloge des frontières, Gallimard, 2010); tout autant une psychanlalyste à l'exemple de Julia Kristeva, l'étrangère comme elle aime à se considérer: "De n'appartenir à rien, l'étranger peut se sentir affilié à tout, et cette apesanteur dans l'infini des cultures et des héritages lui procure l'aisance insensée d'innover" (Etrangers à nous-mêmes, Gallimard/Folio, 2011); ou encore un romancier tel que Mathias Enard: "Sur toute l'Europe souffle le vent de l'altérité, tous ses grands hommes utilisent ce qui leur vient de l'Autre pour modifier le Soi, ... car le génie veut l'utilisation de procédés extérieurs pour ébranler la dictature du chant d'église et de l'harmonie" (Boussole, Actes Sud, 2015).


Mais pour rendre possible la confluence féconde de ces univers, encore faut-il disposer d'espaces interactifs appropriés. C'est Pierre Boulez qui voulait réhabiliter la forme "salon", en s'écartant de la forme "académie" qui cautionne l'entre-soi. Les associations bruxelloises sont coutumières des "tables de dialogue" pour mettre le salon au grand air. Et puis, n'oublions pas le luxe du voyage, la force du déplacement. La rencontre des univers se fait magistralement sous le regard de personnes déplacées, car le dénuement du voyage prépare les esprits au miracle de la rencontre (voir "De l'innovation", Thierry Gaudin, L'Aube, 1998; ou "Le gaucher boîteux", Michel Serres, Le Pommier, 2015). Mais ceci est une autre histoire.

14/02/2017

A quoi sont-ils plus sensibles ?

Mais qu'est-ce donc qui les titille ainsi ?

Chris et Helga (précédents articles) sont des chercheurs exemplaires, on l'aura compris, mais pas exceptionnel. Leur expérience particulièrement forte a bénéficié d'un plus grand nombre d'années pour s'être construite, mais les jeunes générations les suivent et reproduisent avec une nouvelle fraîcheur les comportements "ouverts" qui font de tout homme un chercheur. L'idée qui transparaît est que le chercheur n'est pas nécessairement un savant (il peut le devenir), mais il est quelqu'un capable d'endosser le costume de l'aventurier ou du détective, sans crainte de se mettre en danger.

Nos plus jeunes chercheurs ont aussi quelque chose à nous dire au regard de leurs itinéraires récents, jamais achevés, aussi riches d'enseignement qu'ils sont souvent bousculés et sujets à digressions. Vont-ils confirmer pour nous cette intuition, selon laquelle les chercheurs prédisposés au succès auraient en commun moins le privilège du savoir qu'une aisance comportementale à sortir du cadre et une mobilité intellectuelle insatiable?

Si nous leur demandons ce qui les fait courir ainsi, et ce à quoi ils sont d'autant plus exposés, certains d'entre eux (AD, LC, CR) désignent - entre autres - les aspects suivants (voir la "feuille de route" publiée précédemment) de leur engagement :
·         >   Antidote à la morosité de la société (AD, LC, CR)
·         >   Dimension intergénérationnelle (AD, LC)
·         >   Métissage institutionnel (AD, LC, CR)
·         >   Sérendipité ou la séduction de l'imprévu (AD)
>        >   Non évidence de l'altérité consentie = le choc culturel (CR)
Ils peuvent en effet témoigner du rôle que jouent ces aspects-là dans leur expérience de jeunes, de chercheurs, et tout simplement d'acteurs sociaux. A suivre dans les articles à venir ...