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08/03/2017

MOBILITE

Cause ou conséquence du génie créateur?

Nous le savons, les chercheurs sont plutôt plus mobiles que la moyenne des actifs. A vingt ans, ils veulent découvrir le monde. A vingt-cinq ans, ils veulent se mettre à l'école des plus grands maîtres. A trente ans, ils veulent diversifier et corser leur expérience. A trente-cinq ans, ils sont à la poursuite des contrats susceptibles de faire aboutir leurs publications de prestige. A quarante ans, ils cherchent un statut chez le plus offrant: université, entreprise ou grand institut. Tout ça ne va pas sans mal, mais la quête obstinée d'un environnement qui soit favorable à l'esprit de spéculation, à la liberté d'entreprendre et à la fréquentation des meilleurs n'en demeure pas moins le moteur du jeune chercheur.

Avant de recevoir les témoignages corroborants des nouvelles générations, ne boudons pas notre plaisir et laissons-nous impressionner par les vagabondages (trop mal connus) de la plupart des figures légendaires de la recherche. Etienne Klein vient de publier son excellent "Le pays qu'habitait Albert Einstein" (Actes Sud, 2016), essai dans lequel il démontre s'il en était besoin que ce penseur universel aimait larguer les amarres, et que son réel port d'attache n'était autre que son immense imagination. Vous êtes tenté de me dire: Ah, oui! Mais c'était un génie, lui. Dès lors, pouvons-nous en tirer des conclusions? Certes, mais il n'était pas le seul dans ce cas de figure. Voyez Copernic, Erasme, Descartes, Marie Curie, Sigmund Freud, Florence Nightingale, Sigmund Freud, etc (Ci-dessous: schémas pour quelques uns de l'enchaînement de leurs résidences professionnelles). Le modèle est pour le moins répandu.

Ensuite, mettons-nous en tête qu'il y a tout le cortège des anonymes, car la recherche ne se maintient pas à la traîne de quelques célébrités, mais elle progresse avec les flux de chercheurs innombrables, par lesquels circulent les idées nouvelles et les savoir faire les plus avancés. Les pionniers de l'innovation, qu'elle soit scientifique, sociale ou culturelle, sont couramment des personnes déplacées et qui se tiennent à l'écoute de tous les environnements (Thierry Gaudin, L'Aube, 1998). Exprimé autrement, la dynamique des exils, rencontres et influences, suscite une production culturelle et intellectuelle originale et favorise le "scepticisme créateur" (Nicole Lapierre, Stock, 2004). Tous ne rencontrent pas la même chance, mais tous sont placés dans la même quête. Le profane se demande peut être ce qui alimente cette quête: les chercheurs se délocaliseraient volontiers (géographiquement, ou mentalement) en mal de découvrir telle ou telle face cachée? Ou serait-ce plutôt leur initiation savante qui en ferait des citoyens du monde par construction? Est-ce donc le manque, ou la surabondance qui les pousse ainsi? Qu'en disent-ils eux-mêmes?

Entre temps, laissons-nous entrainer sur ces nouveaux "chemins de Compostelle" de la recherche, qui sillonnent l'Europe dans tous les sens, jalonnés de résidences d'artistes ou de chercheurs, et qui ont beaucoup à voir avec l'édification d'une société de la découverte.








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