Pistes à explorer

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Pour entrer directement dans le vif du sujet, voir l'article: L'ouverture féconde ou l'errance du chercheur, du 24 janvier 2017, référencé par le libellé "feuille de route".

08/09/2017

Table Ronde du 28 septembre 2017 à Houffalize (Belgique)

Dans 3 semaines, la Table Ronde sera ouverte et produira ses effets. Chacun s'y prépare, en essayant simplement de faire la vérité en soi. Nos panélistes n'ont pas de rôle à jouer si ce n'est leur propre rôle, puisqu'ils n'auront pas de meilleur argument que celui consistant à partager un peu du secret de leurs engouements.

·      Anabelle m'a convaincu de l'importance de la fréquentation des maîtres, auprès de qui chacun voudrait pouvoir s'ouvrir l'esprit. Davantage qu'un apprentissage exclusif, elle valorise les enchaînements d'apprentissages par l'écoute de plusieurs maîtres qu'il conviendrait d'aller chercher, afin de partager par tranches de vie leurs univers particuliers, leurs milieux académique et humain, leurs paysages et leurs décors.  Elle me fait penser à cette autre personnalité inventive, Fabienne Verdier peintre-calligraphe, qui est partie en Chine pour solliciter les enseignements d'un vieux lettré, et qui a passé des mois entiers à glisser ses ébauches et ses brouillons sous sa porte jusqu'à ce que celui-ci daigne la faire entrer.
            Mais Anabelle m'a fait aussi connaître d'autres aiguillons de sa pulsion créative. Pour elle, rien ne semble compter autant que le regard, c'est-à-dire l'attention, la capacité à déchiffrer les apparences, l'écoute des signaux faibles. Ensuite, sa réponse à une telle imprégnation du réel passe par toute la rigueur de la méthode scientifique, où l'on retrouve des points communs avec Flora qui, quant à elle, m'a communiqué semblablement sa confiance dans le doute et son recours incessant à l'esprit critique.

·      Flora, justement, se singularise par une curiosité à toute épreuve, une soif de découvrir et d'expérimenter. Elle est mue par un indéniable amour de la diversité, de la nouveauté, de l'étrangeté qui constituent son puits de connaissances. Elle m'a étonné par sa vision réunifiée du monde, où la biologie (la nature) et l'humain (la culture) ne seraient qu'une manifestation unique des forces de la vie. D'où son appétit exceptionnel de rencontres et sa recherche d'une pluralité des regards. Elle a su me décrire les effets déterminants des écarts, des ruptures, des imprévus, de certains face-à-face capables de modeler tous les accents du désir et les élans de la volonté individuelle.

·      Fabrice, notre benjamin, est à l'âge des doutes et des essais. Il sent mieux que quiconque la valeur de l'indétermination, donc de la condition prémature. Il manifeste une émouvante soif d'être, mais cherche à ne pas se laisser déjà capturer par les formatages excessifs auxquels conduisent souvent les filières professionnelles. Il incarne à mes yeux le respect (presque de nature anthropologique) des potentialités inexplorées de l'humain, le besoin chez tout individu de ne pas étouffer l'artiste qui sommeille. Justement, artiste il l'est aussi, puisqu'il démontre par ses engouements une capacité - une joie diraient certains - à appréhender avec égal bonheur les complexités de la chimie des matériaux au plus haut niveau scientifique, et l'écriture musicale pourvoyeuse d'émotions esthétiques .

·      Arnaud partage avec Fabrice cette qualité enviée d'être à la fois chercheur et artiste. A la musique de Fabrice, il répond par ses talents graphiques et plastiques. Et aux sciences naturelles de Fabrice, il oppose son adhésion aux sciences humaines et sociales. Sa particularité dans le groupe est que ses recherches n'ont rien d'académique mais se situent dans le monde réel. En réalité, il est davantage un expérimentateur des techniques et pratiques de l'expression publique, de la décision collective et du compromis, des échanges éducatifs et culturels. Arnaud entend les plaintes du monde contemporain, et particulièrement celles de la ville cosmopolite, pour y trouver sa grande motivation à susciter de l'innovation sociale. Ce qui m'émeut chez lui, c'est qu'il est animé du souci de rendre toute la collectivité créative, plutôt que de privilégier sa propre image.

·      Sébastien pourrait se reconnaître en Arnaud, lui qui s'est également formé aux sciences sociales et s'est toujours chargé du souci de l'humanité. Sa marque est la confiance qu'il met dans le déplacement, le dépouillement, le renversement, ce qui me rappelle l'adage si bien défendu par le prospectiviste Thierry Gaudin, selon lequel l'innovation procèderait le plus souvent de personnes déplacées. A son programme depuis des années, il a mis la marche à pied. Mais pas n'importe laquelle : il propose la marche trans-culturelle. A pied à Jérusalem, il l'a fait, et ses continuateurs sont désormais en marche d'Ostende à Odessa. Pas pour la performance, mais très exactement pour que se répète de jour en jour le miracle de la rencontre. Bien sûr, Sébastien ne pouvait se borner à l'épopée, et son projet s'est donc commué en un patient labeur de restauration du tissu social dans la ville, par le biais de "tables de dialogue" inter-culturelles.

Le paradoxe de notre Table Ronde, c'est que la diversité des origines, des parcours individuels et des intérêts particuliers de nos 5 panélistes, qui d'ailleurs ne s'étaient jamais vus auparavant, n'entame en rien leurs véritables convergences. Ils nous donnent unanimement à découvrir les mêmes acteurs sociaux engagés, amoureux de ce monde, concernés par son avenir, et confiants dans le besoin et la possibilité d'un renouveau. Admettez avec moi qu'ils sont tous, chacun à sa manière, des chercheurs, en laboratoire, en ville, sur les océans, au secours de la société et en mal d'utopies. Convenez qu'ils sont tous également, chacun à sa manière, des artistes, par le geste, la sensibilité, la technique, la capacité d'étonnement et la communion avec leur univers, aussi mystérieux que merveilleux. Et tous, chercheurs et artistes de conviction, viennent nous redire, comme s'ils n'y étaient pour rien, les bienfaits sur leurs chemins de la rencontre interpersonnelle, celle qui n'a cessé de les construire. Rendez-vous à la fin de ce mois pour réunir nos impressions post-partum.

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